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Textes - Recherches

Texts - Research

Au cours de nombreuses années, j'ai eu l'occasion d'écrire beaucoup de textes pour le travail ou le plaisir; des contes, des scénarios, des poèmes, des pièces de théâtre, des articles, des monographies et autres types de communications écrites.  J'effectue pas mal de recherches pour presque tous les textes que je rédige pour moi-même ou pour d'autres.

Over many years, I had the opportunity to write many texts for business or pleasure; stories, scenarios, poems, plays, articles, monographs and other types of written communications.  I do a lot of research for almost all the texts that I write for myself or for others.

Ce texte humoristique a d'abord été publié en français et en anglais dans la revue "TEWEGAN" du Conseil de la nation Algonquine au début des années 1980. Il a ensuite été adapté et republié, en français seulement, sur le site web de Terres en vue dans la section "littérature". 

This humorous text was first published in French and English in the journal "Tewegan" of the Council of the Algonquin Nation in early 1980. It was then adapted and republished in French only, on the website of Lands InSights in the "Literature" section.

Pictogrammes du 16ième !

Parc Nalwiwi, Québec : Une étonnante découverte a été faite le 21 juin dernier par un groupe d’enfants près de Chôls, un village winooski situé près de la frontière du Vermont. Les enfants, qui jouaient à une centaine de mètres de leur village, ont découvert une petite caverne, qu’ils ont naturellement explorée. Ils allaient retourner chez eux, quand un petit, en s’accrochant dans une pierre, la retourna et aperçut le coin d’un morceau de cuir. En dégageant la terre sablonneuse, ils découvrirent une quinzaine de peaux animales soigneusement roulées ensemble. Rapportées au village, elles furent examinées par le grand-père de l’un des enfants, Charles Paslid. On put ainsi constater qu’elles étaient couvertes de pictogrammes. Remplis de curiosité, les résidents de Chôls ont immédiatement décidé d’apporter ces peaux à madame Alice Mantawas, personnalité très connue du monde des communications. Mme Mantawas a effectué des études très poussées des anciennes cultures de nombreuses Premières Nations de l’Amérique du Nord-est et de leurs anciens pictogrammes.

Rejointe dans sa maison du parc Nalwiwi, Mme Mantawas a déclaré que les peaux étaient authentiques, et qu’elles dataient du début du seizième siècle. « Les pictogrammes ont été tracés par un individu très conscient de l’importance des événements qui prenaient place à cette époque, a précisé Mme Mantawas, une sorte de reporter du seizième, quoi ! J’ai interprété le document et je vous le donne en primeur pour que vous puissiez le publier sur votre Site Internet. » Mme Mantawas a continué : « Ces peaux, bien que fragiles, sont très bien conservées. L’auteur a probablement utilisé une encre faite de jus de bleuets. Il a ensuite enduit ces peaux de chevreuil, tannées avec la méthode de l’époque, avec une huile naturelle, probablement de maïs, ce qui, avec l’ambiance bénéfique de la petite caverne a contribué à préserver ces précieuses peaux jusqu’à nos jours. »

Quand on lui a demandé qui était l’auteur de ces écrits, Mme Mantawas a répondu : « Je ne peux que spéculer à ce sujet, elles n’étaient pas signées, bien sûr, mais il s’agit d’un seul auteur, le style étant uniforme d’une peau à l’autre. Cependant, d’après les pictogrammes employés dans ce document, il s’agirait d’un homme qui n’habitait pas la région. Je crois qu’il venait de plus loin à l’Est et que, se trouvant dans la région au moment de l’achèvement de son œuvre, il aurait tout simplement caché celles-ci dans un endroit qu’il croyait sûr (avec raison). Pourquoi ? Je n’en sais rien. Il serait retourné là d’où il venait, ou aurait tout simplement continué son chemin sans se soucier outre mesure de l’avenir de son document. Sans doute savait-il que tôt ou tard on le trouverait. »

Voici donc le contenu de ce document historique interprété par Mme Mantawas :

« Nous voici vers la fin de l’automne. J’écris de mémoire les événements de cet été qui m’ont grandement frappé par leur singularité. Je me trouvais en visite dans le campement de mon beau-frère, quand on vint nous annoncer avec gesticulations et cris, l’arrivée d’étrangers forts étonnants sur les rives du fleuve. En courant avec les autres, j’atteignis l’endroit indiqué et je vis à ma grande surprise un groupe de petits hommes bizarres, le visage couvert de poils, vêtus de la tête aux pieds d’habits sombres et sales par une chaleur intense. Ils souriaient cependant et semblaient heureux de nous rencontrer. Leur énorme embarcation flottait derrière eux au milieu du fleuve telle une île. Leur langage nous était complètement inconnu, mais à force de mimiques nous comprîmes qu’ils avaient grande faim. Nous les invitâmes à partager notre repas au camp. Là, ils s’assirent avec nous autour du feu et firent tous en même temps d’étranges signes avec leurs mains, qu’ils portèrent au front, aux épaules et au ventre, les yeux tournés vers le ciel, avant d’entamer vigoureusement le repas. Après s’être rassasiés de viande, de courges et de maïs, ils sourirent de plus belle en regardant autour d’eux, avec un nouvel appétit, les femmes du camp qui vaquaient paisiblement à leurs besognes. Mes compagnons et moi sourîmes avec sympathie, non sans nous moquer un peu de ces pauvres hommes qui n’avaient pas eu le bon sens de faire le voyage avec leurs compagnes.

De bonne heure le lendemain, les petits hommes travaillaient hardiment devant le fleuve à couper et à assembler des morceaux de bois. Mes compagnons et moi les regardâmes tranquillement sans les déranger. Ils finirent par monter une forme rectangulaire sur laquelle ils mirent un morceau d’étoffe carrée, divers ornements et un objet composé d’une pièce horizontale et d’une pièce verticale, les quatre directions! Nous fûmes très heureux d’apprendre qu’ils nous étaient apparentés par ce symbole que nous connaissions depuis toujours. Des frères perdus, voilà ce qu’ils étaient. Nous devions les secourir avec toutes nos ressources. Nous nous approchâmes pour les serrer dans nos bras, mais ils nous repoussèrent rudement en grognant. Nous comprimes qu’ils n’étaient pas habitués à des manifestations d’affection fraternelle et nous reculâmes tout attristés.

Lorsqu’ils eurent complété leurs travaux, ils se mirent tous à genoux, à l’exception de leur prêtre qui, vêtu de ses habits de cérémonie, se mit à parler très vite dans un langage encore plus différent de celui que nous avions entendu la veille. Ce devait être le langage secret de leurs guides spirituels. Il gesticulait de tous côtés en récitant ses incantations. Nous, restés debout, nous recueillîmes silencieusement avec eux, sachant bien qu’ils faisaient là une cérémonie pour remercier le fleuve de les avoir portés jusqu’à nous ; par la même occasion, ils nous remerciaient de les avoir hébergés et nourris. Vers la fin de cette cérémonie spirituelle, le prêtre donna à chacun des petits hommes un petit morceau de nourriture blanc comme neige. Il ne nous en offrit pas cependant, c’était là assez impoli, mais après tout, peut-être fallait-il être initié.

Durant les jours qui suivirent, les frères étrangers s’occupèrent à remplir de grands contenants de bois avec de l’eau de source et à charger sur leur embarcation le maïs, les fruits et la viande séchés que nous leur échangions contre des couteaux, des contenants de métal et différents objets de décoration corporelle. Cependant, ils semblaient apprécier davantage les peaux d’animaux que nous leurs apportions ; ils étaient assez distants autrement, quand ils n’échangeaient rien ou n’avaient besoin de rien.

Seul leur guide spirituel semblait prendre un grand plaisir à nous visiter. Bien qu’on le sentit très mal à l’aise, nous prenions toujours un malin plaisir à le voir prendre une couleur écarlate à la vue des poitrines dénudées des femmes. Malgré cela, il se promenait dans le camp toujours souriant, en s’arrêtant surtout aux mères qui transportaient de jeunes enfants avec elles. À ce moment, il était doublement content car il se mettait à dire ses incantations à voix basse en langage secret, et à verser de l’eau sur la tête des bébés. Les parents s’amusaient fort de ces gestes innocents qui semblaient tant faire plaisir à ce vieil homme, dont les cheveux commençaient à blanchir. Il essaya de faire sa petite magie sur de très vieilles personnes, mais elles refusaient toute tentative de sa part. Elles étaient visiblement ennuyées par cet individu et se gardaient bien de l’approcher.

Un matin, les étrangers nous firent comprendre par signes qu’ils repartaient sur le fleuve en direction ouest. Tout le monde se rassembla pour leur dire adieu, mais ils allaient sans doute revenir car leur prêtre était resté avec nous. Quant à moi, je continuai mes voyages tout en dessinant ces événements, que je raconte aux gens que je croise sur mon chemin pour les divertir.

(NB : Les noms des personnages, du village et du parc sont fictifs… tout comme l’histoire !)

Nalwiwi  : partout
Chôls  : criquet
Winooski  : oignon sauvage et nom d’une petite nation wabanakise qui habitait jadis près de la rivière aux oignons.
Paslid  : Basile prononcé à l’abénakise
Mantawas  : une personne qui réfléchit constamment

Ancient pictograms

Nalwiwi Park, Quebec: An amazing discovery was made on June 21 by a group of children near Chôls, a Winooski village near the Vermont border. The children, who were playing a hundred meters from their village, discovered a small cave, that they naturally explored. They were going to return home, when a boy, tripping over a stone, overturned it and saw the corner of a piece of leather. Clearing the sandy soil, they found fifteen animal skins carefully rolled together. Brought to the village, the skins were examined by the grandfather of one of the children, Charles Paslid. They were covered with pictograms.  Residents of Chôls, filled with curiosity, immediately decided to bring these skins to Mrs. Alice Mantawas, famous in the communications world. Mrs. Mantawas conducted extensive studies of the ancient cultures of many First Nations of North America and of their ancient pictograms.

Joined in her house at Nalwiwi park, Mrs. Mantawas said the skins were authentic and that they dated from the early sixteenth century. "The pictograms were drawn by an individual aware of the importance of the events that were taking place at that time, said Mrs. Mantawas, a kind of reporter from sixteenth century! I interpreted the document and I give it to you so you can publish it on your website. "Mrs. Mantawas continued:" These skins, although fragile, are very well preserved. The author probably used an ink made of blueberry juice. He then coated these deer skins, tanned with the technique of this period, with a natural oil, probably corn, which, with the beneficial atmosphere of the small cave helped preserve these precious skins to our days. "

When asked who was the author of these writings, Mrs. Mantawas replied: "I can only speculate about that, they were not signed, of course, but it is a single author, the style being uniform from one skin to the other. However, according to the pictograms used in this document, it would be a man who did not live in the area. I think he had come from further to the East and that, being in the area at the time of the completion of his work, he would have simply hidden them in a place he felt secure (correctly ). Why ? I do not know. He would have returned to where he came from, or would have simply continued on his way without worrying too much about the future of his document. No doubt he knew that sooner or later it would be found. "

Here is the content of this historic document interpreted by Mrs. Mantawas:
"Here we are in late autumn. I write the events of this summer from memory that greatly impressed me by their singularity. I was visiting the camp of my brother-in-law when we were informed with gestures and shouts of the arrival of amazing foreigners on the river banks. Running with the others, I reached the place indicated and saw to my surprise a group of small strange men, their faces covered with hair, dressed head to toe in dark and soiled clothing in the intense heat. However, they were smiling and seemed happy to meet us. Their huge boat floated behind them in the middle of the river like an island. Their language was completely unknown to us, but we understood they were very hungry when they used certain gestures. We invited them to share our meal at the camp. There they sat with us around the fire and did all the same time strange signs with their hands, which they carried to their forehead, shoulders and stomach, eyes turned skyward, before starting the meal heartily. After being filled with meat, squash and corn, they smiled even more looking around them, with a new appetite, the women of the camp peacefully going about their tasks. My companions and I smiled at each other with sympathy, not without mocking these poor men who had not had the good sense to travel with their female companions.

Early the next day, the little men worked boldly before the river cutting and assembling pieces of wood. My companions and I watched them quietly without disturbing them. They eventually assembled a rectangular shape on which they placed a square piece of cloth, various ornaments and an object composed of a horizontal part and a vertical piece, the four directions! We were very pleased to learn that they were familiar with this symbol that we always knew. Lost brothers, that's what they were. We had to help them with all our resources. We came closer to hold them in our arms, but they rudely drove us away, growling. We understood that they were not accustomed to demonstrations of fraternal affection and we backed away all saddened.

When they had completed their work, they all began to kneel, with the exception of their priest, dressed in his ceremonial robes. He began to talk rapidly in a different language than we had heard the day before. This must be the secret language of their spiritual guides. He gesticulated from all sides reciting incantations. We stayed up, praying silently with them, knowing that they were doing a ceremony to thank the river for having brought them to us. At the same time, they were thanking us for having housed and fed them. Towards the end of this spiritual ceremony, the priest gave each of the little men a small piece of food white as snow. However he did not offer us any, this was quite rude, but after all, perhaps one had to be initiated.

During the days that followed, our foreign brothers filled large wooden containers with spring water and loaded on their boat corn, fruits and dried meat we exchanged for their knives, metal containers and different body decorations. However, they seemed to enjoy more the animal skins we were bringing them; otherwise they were distant enough when they exchanged nothing or did not need anything.

Only their spiritual guide seemed to take great pleasure to visit us. Although we felt that it made him uneasy, we always got a perverse pleasure to see him take a scarlet coloration at the sight of bare female breasts. Despite this, he was walking in the camp always smiling, especially stopping at mothers carrying young children with them. At that time, he was doubly happy because he began to tell his incantations, whispered in secret language, and to pour water on the heads of babies. Parents were much amused from those innocent gestures that seemed to please this old man, whose hair was beginning to whiten. He tried to make his little magic on very old people, but they refused any attempt on his part. They were visibly annoyed by this individual and were careful not to approach him.

One morning, the foreigners made us understand by signs that they were starting off again westward on the river. Everyone gathered to say goodbye, but they would probably come back because their priest had stayed with us. As for me, I continued my travels while drawing these events that I tell people on my way to entertain them.

(NB: The names of the characters, the village and the park are fictitious ... just like the story!)

Nalwiwi: everywhere.
Chôls: locust.
Winooski: wild onion and the name of a small wabanaki nation that once lived near the onion river.
Paslid: Basil pronounced in the Abenaki language.
Mantawas: a person who is constantly thinking.

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